La démocratie d’après la crise

La démocratie d’après la crise

Dès la stupeur passée, les regards n’ont pas tardé à se porter sur “l’après Covid 19” et les médias à s’en faire l’écho. Que sera notre société après la crise sanitaire qui secoue aujourd’hui la planète ?  Il est risqué, évidemment, de se prêter au jeu des prédictions. Mais anticiper, c’est commencer à s’adapter. Imaginer l’éventail des possibles, c’est déjà se préparer.

Plus précisément, qu’en sera-t-il de la démocratie ? Certains, marqués sans doute par l’expérience, n’hésitent pas à dire que le scénario le plus probable est le retour à la situation antérieure… jusqu’à la prochaine crise. Il est bien difficile de faire changer de cap au lourd bateau dans lequel nous sommes tous.

D’autres estiment que le contexte politique se durcira.

En premier lieu du fait de la compétition à peine déguisée entre régimes autoritaires et régimes démocratiques pour juguler la pandémie. Ce qui est en jeu dans ce match sournois, c’est la capacité des citoyens à supporter des limitations à leurs libertés individuelles et celle des systèmes de protection sociale à assurer leur survie. Et il n’est pas certain que les démocraties gagnent. En second lieu, parce que la crise, puis la relance de l’économie, justifieront bientôt de nouvelles entraves aux libertés, la remise en cause d’acquis sociaux ou des droits des citoyens à participer aux décisions publiques. Les ordonnances promulguées en mars 2020 nous en donnent un premier aperçu. Cet exemple malheureux venu de l’Etat pourrait inspirer des pouvoirs publics locaux tentés par un retour en arrière.

Le troisième scénario tire les conclusions de la capacité de mobilisation de la société civile, de la vigueur des solidarités, de l’efficacité de la coopération entre les pouvoirs publics et les citoyens (quand elle existe !), de la nécessité d’un maillage territorial dense qui protège ceux qui en ont besoin et qui préserve la cohérence des sociétés locales. Il nous invite à aller vers plus de contrôle citoyen des politiques et des dépenses publiques, une plus grande obligation des autorités de rendre compte de leurs choix et de faire confiance aux citoyens et aux associations, une exigence de coopération renforcée entre décideurs publics, professionnels, experts et citoyens. Dans ce scénario, le dialogue et même les décisions partagées seront à l’agenda politique de l’après-coronavirus pour préparer le choix assumé d’un destin commun.

Dans ces deux derniers scénarios, c’est une tendance à “plus de pouvoirs publics” qui se dessine. L’un mise sur l’autorité, l’autre sur la coopération. Comment préparer ce dernier dès à présent ?

Image : Radio-Canada / Emilee Flansberry-Lanoix

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