De quoi le conflit environnemental est-il le nom ? La question invite à explorer les solutions et les problèmes socio-économiques auxquels renvoie la fonction des territoires. Il est dans ce cas question d’intérêts contradictoires, d’ordres de priorités et de valeurs, d’acteurs et d’agents sociaux en confrontation, de (re)négociation des limites et frontières, d’expertises et de controverses, de rapports de force et de domination, de droits d’exploitation et de régulation administrative, etc. … bref, il est question d’appropriation des territoires concernés par la négociation permanente des règles de leur usage. Comment dès lors analyser sur le temps long la fabrication conjointe de l’économie, des territoires et de l’environnement ? En analysant d’abord les motifs de ces conflits. Pour se faire, la notion de « débordement » offre un cadre d’interprétation très utile. Car c’est ce qu’est dans le fond un débordement : la contestation des statuts et qualités (explicites ou tacites) attribués aux territoires, c’est-à-dire de leurs usages/mésusages au regard de choix socio-économiques. Mobiliser comme une grille de lecture, le débordement s’avère être une catégorie d’analyse sociohistorique et territoriale opérante des conflits. L’histoire de la conflictualité est alors comprise comme celle d’une négociation permanente pour déterminer leurs modes de gestion, située entre confinement, élimination et acceptation.
Intervenants
Chimiste de formation et historien des techniques, Michel Letté est enseignant-chercheur au Conservatoire national des arts et métiers à Paris. Il y étudie l’histoire de la conflictualité environnementale et des controverses sociotechniques. Dans un même temps, il développe un enseignement autour du design culturel pour la médiation des sciences et techniques en société. Il explore de cette façon les voies d’une mise en débat public des questions socialement vives, notamment par leur mise en pièces de théâtre.
Discutant : Yves Bouvier, maître de conférence en histoire contemporaine, Université Paris-Sorbonne.
http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article2342