Guillaume Carayre

Itinéraire

Je suis chef de projet démocratie participative au sein de la Mission démocratie participative et égalité hommes-femmes du Conseil départemental de la Haute-Garonne. Notre équipe a pour objectifs de diffuser la culture de la démocratie participative et d’accompagner les acteur.rice.s qui la mettent en œuvre, en interne au Département mais aussi avec les acteur.rice.s tiers sur le territoire (citoyen.ne.s, communes, intercommunalités, associations).

J’occupe cette fonction depuis 2016 à la suite des « hasards » de la mobilité interne. J’étais en poste depuis quelques années au Service de l’Assemblée départementale qui se situe au cœur du processus décisionnel dans ce qu’il a de plus formel et institutionnel. J’étais donc déjà familier de la gouvernance territoriale et de l’approche transversale de l’action départementale ce qui a facilité mon intégration dans la Mission par-delà ma formation initiale de juriste.

Me questionnant depuis toujours sur le « vivre ensemble », j’ai voulu comprendre par qui et comment ce dernier est décidé. Ce cheminement déboucha sur une thèse en droit public (soutenue en 2007), qui a été fondatrice pour mon parcours. Portant sur la décentralisation et les communications électroniques, elle m’a permis de croiser différentes disciplines, autour de la notion de réseau. Elle m’a aussi permis de travailler sur la communication au niveau local en m’aventurant plus particulièrement dans le monde des télévisions participatives locales, associatives pour la plupart en étant momentanément membre de la Fédération nationale des vidéos de pays et de quartiers qui réunit « les télévisions faites par ceux qui la regardent». J’ai également eu une très belle expérience en travaillant pour le CSA au niveau local où j’œuvrais à la régulation des médias locaux. Les praticien.ne.s de la participation pourraient d’ailleurs s’appuyer plus sur ces médias locaux et associatifs pour associer les citoyens (Cf. préconisations de la CNDP, nov 2020).

Lors de ma thèse, j’ai aussi questionné le droit de la décentralisation, la combinaison du droit décentralisateur (déterminé nationalement) et des droits décentralisés (issus des territoires), dans son objectif premier de rapprocher les élu.e.s des habitant.e.s. Dans ce sens, la démocratie participative au niveau des collectivités territoriales s’inscrit dans cette logique. Se faisant, elle est en correspondance avec mes aspirations et réflexions sur ce qui nous unit et permet notre vie commune en diversité.

Aujourd’hui, cela se traduit dans mes activités professionnelles d’un enrichissement infini car elles nécessitent une agilité constante autant théorique que pratique. Avec mes collègues, nous devons toujours repenser nos points de vue, nos pratiques, nos manières de faire ou de voir…pour s’adapter aux terrains composites de la démocratie contributive.

Message

A cet instant, j’identifie deux défis pour tous les praticien.ne.s qui permettraient de faciliter la mise en place de la démocratie participative :
1) Le premier défi serait de réussir à raconter et expliquer en quoi les contributions des gens ont modifié la décision. Cela suppose d’identifier et de retracer ce qu’il s’est passé entre les contributions des citoyen.ne.s et la décision qui a été prise, y compris dans la complexité du cheminement. En quoi la participation a-t-elle modifié la décision ? Cela permettrait de déconstruire le discours selon lequel la participation« ne sert à rien ».

2) Un deuxième défi plus intellectuel et psychologique serait de considérer les participant.e.s aux concertations comme des « bénévoles de la décision publique » et de reconnaitre leur bonne volonté. Au même titre que des bénévoles associatifs, ils donnent de leur temps gratuitement pour éclairer ou contribuer à la décision publique. Parmi les acteur.rice.s de la démocratie participative, ce sont d’ailleurs les seul.e.s à travailler totalement gracieusement et sans reconnaissance. Poser cet autre regard aurait pour conséquence de réinterroger et parfois modifier notre posture à leur égard, tant comme élu.e.s que comme technicien.ne.s.