Céline Braillon

Itinéraire

Tout a commencé en 1978 par un stage dans une association d’éducation populaire, l’ADELS (Association pour la Démocratie et l’Education Locale et Sociale) qui agissait pour le « local » et l’auto-organisation démocratique des territoires. Ses activités tournées vers le développement d’une citoyenneté active s’adressaient aux élus, aux agents et aux militants associatifs pour favoriser l’exercice d’une démocratie locale et l’autogestion. Puis dans les années 80, elle est partie prenante de la politique de la ville, notamment des expérimentations en matière de participation citoyenne. Ce « bain » culturel et professionnel m’a conduit à travailler à la naissance de l’association des maires des villes de banlieue, puis à Banlieues 89 et à la Délégation interministérielle à la ville, notamment, après la Déclaration de Rio, sur les enjeux environnementaux pour les quartiers « en difficulté » en expérimentant des dispositifs de participation dans des projets urbains et paysagers, comme la création de l’atelier de Grande Synthe avec Arpenteurs.
De ces expérimentations locales d’implication citoyenne, s’est posée la question de leur mise en réseau. Elus et techniciens ont leur réseau, leur outil de formation et d’échange, mais pas les habitants. Au sein du Conseil national des villes, à partir de 1998, nous avons contribué à la création du réseau Capacitation Citoyenne. Nous avons porté collectivement un évènement annuel, dans le cadre du festival international de la ville, à Creteil, appelé « Place publique » pour réunir les citoyens engagés, les rendre visibles et faire valoir des orientations, pour plus de démocratie participative dans les territoires - maître mot : « faire mouvement » et renforcer leur capacité à débattre et agir et c’est toujours d’actualité !
Au début des années 2000, j’ai intégré le Ministère de l’Environnement pour accompagner et former les agents au débat public, suite à la loi Barnier. Ensuite, dans le cadre des agendas 21, au sein du bureau des territoires, je travaillais avec les collectivités territoriales et les réseaux associatifs sur les volets « participation et cohésion sociale » : le lien entre les enjeux environnementaux et sociaux sont devenus plus prégnants.
Aujourd'hui responsable du département «démarches DD » à la DREAL de Bourgogne Franche Comté, notre action porte sur l’accélération des transitions sociale, écologique et démocratique. Au-delà de la délibération, se pose pour moi, la question des initiatives et de la capacité d’agir. On accompagne donc à la fois les acteurs de l’éducation et de développement durable et les acteurs sociaux, pour les mettre en lien et faire système. Notre travail porte aussi sur un certain nombre d’axes transversaux nouvellement appréhendés par les acteurs locaux (santé-environnement, programmes alimentaires).
J’ai toujours cherché à faire le lien entre transformation personnelle et professionnelle, grâce à mon activité militante.

Message

Aujourd’hui, le constat de l’urgence et la nécessité d’accélérer la transition sont partagés, ce qui donne une autre dimension aux questions de participation citoyenne. Elle s’inscrit dans ce champ complexe d’urgence sociale et écologique, avant elle était seulement une espèce d’appendice pour une meilleure acceptabilité sociale. On ne devrait plus en être là !

Lorsque l’on oublie les gens dans la transition et que l’on agit de manière uniquement coercitive, cela donne le démarrage du mouvement des Gilets Jaunes. La coercition devrait davantage s’exercer vis-à-vis des pouvoirs économiques et financiers et non vis-à-vis des individus, afin de changer de modèle. Soit cette coercition émane d’un pouvoir éclairé, soit ce sont aux citoyens et acteurs sociaux de créer suffisamment de contre-pouvoirs pour obliger l’Etat à accélérer la transition. Certes, au local on voit des expériences de co-construction de l’action publique exemplaires mais la question de la transformation du système est posée. Le pouvoir délibératif ne peut pas fonctionner sans l’exercice de contre-pouvoirs.

Les acteurs sont auteurs du changement : comment faire pour qu’ils se retrouvent dans les projets concrets au local, et puissent influencer les décisions à tous les échelons ?