Christophe Karlin

Itinéraire

Après une première vie professionnelle dans l’aéronautique navale, j’ai repris mes études et suis diplômé de Sciences Po Paris et licencié ès Lettres en Sorbonne. Spécialisé tout d’abord dans les relations institutionnelles, j’ai eu de multiples expériences dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’environnement. Mes expériences m’ont montré que le domaine de l’énergie en France est plus traversé par des lignes de fracture idéologiques que le transport, avec la question du nucléaire.

Lors de mon passage à la CNDP en tant que secrétaire général, j’ai eu à mettre en œuvre et coordonner 2 débats publics pour le compte de Commissions particulières du débat public. Dans un cas, la décision de l’opportunité du projet était déjà tranchée par l’Etat, ce qui a rendu difficile l’organisation du débat dans l’esprit des textes. A l’inverse, j’ai pu constater qu’une étude de contexte bien menée en amont d’un débat révèle ce qui sera à l’œuvre dans le débat public et lors de la poursuite du projet.

Aujourd’hui, j’occupe le poste d’expert en concertation au sein de SNCF Réseau. J’exerce mes compétences en appuyant et en conseillant les responsables de projet de l’entreprise dans tous les processus de concertation, volontaire ou non, et en formant nos ingénieurs en interne. Je suis également chargé des relations avec les associations environnementales.

Je suis rentré à RFF en 2013 avant la réforme ferroviaire. Le pôle concertation auquel j’appartiens a eu pour mission d’élaborer la doctrine de l’entreprise en matière de participation. Nous nous sommes efforcés de la construire la plus vertueuse possible en anticipant les réglementations. Des grands projets ferroviaires, nous sommes passés à des sujets de modernisation du réseau ferré où les marges de manœuvre sont plus réduites. L’enjeu aujourd’hui est de valoriser l’expérience des concertations passées : c’est ainsi que le principe de dialogue territorial a émergé. Outre la concertation, il est en effet important de pouvoir dialoguer avec le territoire sur les éventuelles nuisances que nos projets peuvent causer, afin de les réduire au minimum.

Il n’est pas aisé parfois de faire comprendre en interne que la concertation n’est pas qu’une procédure réglementaire mais une démarche volontariste de l’entreprise destinée, non pas à faire accepter un projet, mais bien à insérer au mieux sur le territoire donné. Surtout, la participation du public doit rester fondamentalement une valeur constitutionnelle qui, en ce sens, ne peut être ni quantifiée, ni négociable.

Ma connaissance de longue date des associations environnementales m’est utile, tant pour mon rôle de garant de la CNDP depuis 2019, qu’en tant qu’expert concertation à SNCF Réseau. La concertation sur la charte d’engagements relative à l’usage des produits phytopharmaceutique que nous avons mené à SNCF Réseau en est un exemple récent. Cela m’amène par ailleurs à travailler étroitement avec la direction du développement durable sur la RSE.

Message

La concertation n’est pas qu’une question de procédure au nom des codes de l’environnement et de l’urbanisme, mais demeure avant tout une question de posture. Quelle que soit la qualité supposée du projet, un projet réussi est celui qui s’insère dans un territoire, en tenant compte de son histoire, de ses lignes de fracture et de ses véritables besoins.

Dans les sociétés traditionnelles, les arbres à palabre jouent ce rôle. Ce qui différencie nos sociétés dites modernes est le rapport controversé à l’intérêt général. Perçu selon différents prismes, le consensus autour de celui-ci est à construire en permanence. De plus, les temporalités des citoyens, des élus et des grands projets d’aménagement comme le ferroviaire ne sont pas les mêmes.

Une autre notion importante à mes yeux est le concept de redevabilité, c’est-à-dire s’obliger à rendre compte des arguments que les citoyens ont exprimé et surtout, de la manière dont un maître d’ouvrage les a pris en compte.