Mélissa Martinay

Itinéraire

J’ai une formation initiale en science politique appliquée aux territoires. J’ai toujours été animée par les questions de transformation, de projet de territoire et de diversité, qui ont guidé mon parcours.

La fabrique de la ville était un domaine qui m’intéressait tout particulièrement. Néanmoins, je n’ai pas commencé ma carrière dans ce domaine très technique et assez peu tourné vers l’humain. En effet, après mes études, j’ai fait un bref passage à l’ANRU où j’ai réalisé une étude sur la manière dont le marketing pouvait permettre d’améliorer la perception des habitants sur leur quartier. Je me suis alors rendu compte que l’investissement se concentrait très largement dans le bâti et moins dans la relation sociale.

Je suis partie à l’étranger avec l’envie de me décentrer et d’ouvrir mes perspectives. J’ai travaillé pour une entreprise française dans le domaine de la haute technologique. J’ai accompagné l’ouverture d’une filiale au Brésil, avec un objectif de formation et de transfert des compétences.

Ces deux années au sein d’un grand groupe ont déclenché chez moi l’envie de travailler pour une structure de plus petite taille, avec des valeurs. J’ai rejoint « La Ruche qui oui », entreprise à impact fort dans les circuits courts alimentaires. Ma mission portait sur la dissémination du principe. C’est au sein de cette structure que j’ai expérimenté l’intelligence collective en interne, la gouvernance partagée et le travail collectif.

Quelques années plus tard, j’ai eu le désir de renouer avec les problématiques de fabrique de la ville, en rejoignant Citizenlab. Nous vivons dans une société où tout va très vite. Je vois dans le numérique une opportunité d’accélérer les manières de faire société ; un moyen de donner des ailes à des méthodes assez ancestrales en s’adaptant à notre relation au temps et aux échelles des grandes villes.
Dans ma pratique, j’appuie les villes pour donner la parole à un public diversifié. Je porte une grande attention à la quête d’ouverture aux personnes de cultures différentes, même au sein d’un même territoire.

Message

Trois choses me tiennent à cœur :
1/ Au sein des collectivités territoriales, il est souvent difficile pour les élus de travailler ensemble, il en est de même pour les services et entre services et élus. Comment créer de la transparence et de la confiance avec les habitants si elle n’existe pas en interne ? J’aimerais qu’en parallèle des dispositifs participatifs, il y ait un travail sur la transversalité, l’intelligence collective et la capacité à se décentrer. Une autre manière de faire serait bénéfique pour la fluidité des relations, au service d’un projet de territoire. Dans notre culture, ces « compétences douces » (facilitation, collaboration..) sont très peu mises en valeur. Cela coûte de l’énergie de faire autrement et de faire évoluer les choses. Cette évolution, à travers la formation continue et l’éducation dès la petite enfance, prendra nécessairement du temps.

2/ Après la Convention citoyenne pour le climat et la diffusion des conventions locales, je rêve d’une démocratie continue délibérative, à toutes les échelles. Je souhaiterais une société qui offre la possibilité au plus grand nombre de citoyens de s’impliquer à un moment dans leur vie, d’avoir la capacité d’être informés, formés et de réfléchir en permanence à des sujets qui les touchent (l’alimentation par exemple). Or, on sait que ce type d’expérience est transformatrice au niveau individuel et a un impact sur l’envie d’agir et la compréhension des enjeux. Cela signifierait institutionnaliser et systématiser les assemblées citoyennes à tous les niveaux administratifs.

3/ Si les aspects réglementaires de la concertation sont nécessaires, ils peuvent étouffer et limiter la créativité. Je crois qu’il y a des expérimentations à mener en lien avec l’art et le sensoriel pour faire de la participation une expérience agréable et ludique. C’est une façon de remobiliser les citoyens en allant à leur rencontre et en s’adaptant à leurs moyens d’expression et leurs codes. Selon moi, le potentiel de transformation est plus fort par ces méthodes que par les bulldozers. Des « effets secondaires positifs » peuvent en ressortir, en créant autre chose que le contenu contributif attendu dans le cadre d’une concertation.