Le 24 mai 2017 s’est tenue à l’EHESS une Rencontre organisée par le réseau Sciences Sociales et Démocratie participative sur le thème « Concertation & Démocratie participative : un champ professionnel en construction. Quelle place pour les sciences sociales ? »
[su_heading size= »22″ margin= »60″]La rencontre[/su_heading]
Cette rencontre était présidée et animée par Loïc Blondiaux.
5 intervenantes, praticiennes ou chercheurs, ont partagé leurs analyses et leurs questionnements sur ce champ professionnel en construction.
Voici quelques propos entendus…
– Pauline Veron, adjointe au Maire de Paris (chargée de la démocratie locale, de la participation citoyenne, de la vie associative, de la jeunesse et de l’emploi ) est revenue sur l’arrivée de la participation citoyenne dans l’agenda politique, après la vague rose de 2001 qui a porté B. Delanoe à la tête de la Mairie de Paris, avec « l’envie de faire de la politique en prenant l’avis des habitants ». Après avoir détaillé les dispositifs mis en place sous la mandature d’Anne Hidalgo, notamment le budget participatif, elle livre sa vision du prochain défi « En tant qu’élus, nous restons encore investis d’un grand pouvoir symbolique. Les citoyens sont ambivalents dans leur rapport aux élus : ils ont envie de dialogue et de proximité et en même temps d’un élu fort, connu. C’est une nouvelle culture politique, plus horizontale, qui est à créer »
– Véronique Ghadi, cheffe de projet à la Haute Autorité de Santé, a raconté comment la construction d’une démocratie sanitaire doit beaucoup à la mobilisation de malades (notamment des patients atteints du VIH, de maladies orphelines) exigeant d’être reconnus pour leur expertise et non plus comme objets. Ces mobilisations, dans lesquelles ont eu lieu une alliance objective entre patients et chercheurs de sciences sociales ( au sein de l’association AIDES notamment) contre l’hégémonie des sciences dures, ont eu un effet accélérateur de l’évolution réglementaire au tournant des années 2000 (reconnaissance des droits des patients, de nouvelles instances de représentation des associations, reconnaissance de la notion de pair aidant). Mais les défis restent importants : comment former les professionnels à accueillir les savoirs des patients et de leurs proches ? comment faire des instances de représentation des instances productrices de nouveaux savoirs et de nouvelles pratiques ? Comment éviter la concurrence symbolique entre la parole des sciences sociales et celles des usagers ? Ce que Véronique Ghadi résume par l’horizon suivant : « organiser la convergence des connaissances et l’apprentissage réciproque ».
– Sophie Guillain, consultante senior, associée de Res Publica, présente le travail des praticiens de la concertation et l’apport important des sciences sociales, dans les méthodes utilisées. Urbaniste de formation, elle raconte comment elle a appris la concertation dans les pays du sud, dans de l’urbanisme d’urgence qui se faisait avec les habitants défavorisés, alors que cette notion de travail avec les communautés n’existait pas encore ou très peu au Nord.
– Judith Ferrando (cf. communication jointe)
– Magali Nonjon (Maitre de conférences en science politique à l’IEP d’Aix-en-Provence), a choisi comme objet de recherche la professionnalisation de la participation (étude menée avec Alice Mazeaud). Elle partage plusieurs réflexions et hypothèses avec le public de la Rencontre. En voici quelques-unes :
o Les chercheurs font partie intégrante du champ de la participation, comme praticiens parfois, comme entrepreneurs de croyance souvent. Il y a un processus de légitimation croisée entre chercheurs et praticiens, pour une institutionnalisation du champ pratique comme de recherche. Cela nous apprend la fragilité de champ qui peine à exister de manière autonome, dans les pratiques des collectivités territoriales comme sur le plan académique (fragmentation de la recherche scientifique : nombreuses thèses et nombreux directeurs de thèse).
o Entre 2000 et 2012, il y a eu 52 thèses en CIFRE liées à la participation, sur 500 thèses CIFRE en SHS. Un seul de ces doctorants a aujourd’hui un poste académique. Alors quid du devenir des anciens doctorants ou étudiants sur ces questions ? D’abord ils trouvent du travail, mais pas toujours sur un poste dédié principalement à la concertation. Doit-on analyser cela en termes de diffusion ou de dilution ? C’est à creuser…
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