15 MARS 2018 | Émancipation, participation et délibération salle M19
Loïc Blondiaux (poliste, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne) et Yves Sintomer (politiste, Université Paris 8)
Description du séminaire :
L’émancipation est un concept de plus en plus galvaudé dans les sciences sociales : sa présence croissante dans les manifestations scientifiques et dans le champ éditorial l’associe souvent aux pratiques de résistance des dominés, à la subversion des ordres normatifs, aux processus de subjectivation politique, à la construction d’un conflit perçant l’espace public. En raison de sa polysémie constitutive et de la multiplicité de ses usages, l’on peine toutefois à clarifier son assise empirique.
À ce problème de flou conceptuel, qui nécessiterait en soi une réflexion sur les frontières et les limites du concept, s’en ajoute un autre : la plupart du temps les analyses sur les processus d’émancipation sont étroitement imbriquées à des théories préalables de l’émancipation ou à des idéologies émancipatrices, à leur tour supposant un engagement axiologique de la part du chercheur.
Cette articulation entre le positif, le normatif et l’idéologique est rarement questionnée dans les travaux sur l’émancipation. Le but de ce séminaire est d’inaugurer une réflexion interdisciplinaire et critique sur « ce que s’émanciper veut dire » en sciences sociales afin de clarifier les frontières du concept, les problèmes posés par son usage, les écueils normatifs qu’il suppose ; de penser les usages contemporains du concept en relation à son archéologie, dans les sciences sociales, la psychanalyse, la philosophie, l’art et la littérature ; de réfléchir au positionnement axiologique du chercheur souhaitant objectiver des processus d’émancipation, entre une « impossible » neutralité et les écueils d’un engagement militant ; de définir un protocole critique adapté à la saisie des processus émancipatoires.
Le séminaire aura lieu un jeudi par mois, de 17h à 20h, de janvier à décembre 2018, à l’Université Paris Diderot | bâtiment Olympe de Gouges. Chaque séance sera composée de deux interventions, émanant de deux disciplines différentes, autour d’un sujet, d’une problématique ou d’un thème commun. Comme pour les années passées, la séance d’octobre sera une demie-journée d’études, consacrée cette année à « L’émancipation des femmes » : cette séance débutera exceptionnellement à 16h.