Mathieu Dionnet
Itinéraire
Mon histoire s’est construite autour de l’histoire de Lisode (www.lisode.com), SCOP créée il y a dix ans. J’ai un parcours scientifique avec un Master de biologie. C’est par le biais des questions environnementales que j’ai commencé à travailler sur la participation des acteurs aux décisions ayant un impact sur l’environnement. J’ai commencé ma carrière professionnelle dans un centre de recherches en agronomie et développement à Montpellier, c’est à travers cette expérience que j’ai mis le pied dans l’engrenage.
J’ai été formé par des chercheurs qui ont développé des approches innovantes de gestion des problèmes environnementaux, comme par exemple la modélisation d’accompagnement. Ils utilisent des jeux de rôle avec les parties prenantes concernées pour représenter et explorer des modèles de systèmes complexes.Cela permet de mettre en dialogue des perspectives différentes et de discuter des dilemmes pour des choix de société.
Nos parcours scientifiques au sein de Lisode nous autorise à adopter une posture relativement critique vis-à-vis des études techniques. Ainsi, notre objectif est de permettre à tout un chacun de comprendre et débattre des chiffres et résultats, mais aussi de leurs limites et des incertitudes existantes, ce qui est rarement fait ; l’objectif est de faire le lien entre savoir profane et savoir expert.
Dans le domaine environnemental, tout est question de normes et d’expertises techniques sur lesquelles reposent beaucoup de décisions. Il y très peu de place pour l’innovation. Par ailleurs, la concertation repose principalement sur un dialogue entre des représentants de groupes d’intérêt bien constitués comme par exemple le lobby agricole ou les associations de défense de l’environnement et les pouvoirs publics. Cette situation est assez équilibrée en termes de partage du pouvoir, En revanche, les citoyens sont peu impliqués. C’est regrettable, car dans certaines situations, les citoyens s’estiment légitimes et décident de s’emparer des enjeux comme à Sievens.
Dans les projets urbains, l’on observe le phénomène inverse : les marges de manœuvre en termes de dispositifs de concertation sont plus importantes ; en revanche la prise de décision et le pouvoir restent centralisés au niveau des élus.
Message
Si la demande sociale de plus d’implication citoyenne est bien présente, je constate très souvent une déconnexion entre la volonté affichée de faire participer les citoyens et la méthodologie mise en œuvre. En d’autres termes, les moyens mobilisés sont souvent incohérents avec les objectifs de participation. Pourtant, d’un point de vue technique, le champ des possibles est infini. Mon expérience me prouve qu’il n’y pas de limite méthodologique à l’implication de tout citoyen dans un processus décisionnel, quelles que soient ses connaissances sur le sujet.
Il est difficile de distinguer ce qui a trait à un manque de volonté réelle de la part des décideurs ou ce qui relève de freins liés au fonctionnement institutionnel- centralisé et hiérarchique - ou encore à l’ingénierie « classique » des projets, qui réduit généralement la concertation à une question d’acceptabilité sociale.