L’émergence du concept de participation – au sens de contribution des acteurs concernés aux processus et décisions politiques – remonte au milieu du vingtième siècle. Dans les faits, des démarches participatives sont aujourd’hui mises en œuvre de par le monde, à des échelles diverses et dans une multitude de domaines, notamment celui de l’environnement. En France, au-delà des démarches nationales telle que la convention citoyenne sur le climat menée en 2020, de nombreuses démarches participatives se développent au niveau local. Elles visent à traiter des enjeux de gestion des ressources naturelles (ex. : partage de l’eau entre différents usages, déforestation, préservation de la biodiversité), d’aménagement du territoire (ex. : mise en œuvre de la trame verte et bleue, prévention des inondations) ou encore à discuter des conditions de déploiement d’innovations technologiques (ex. : nouvelles énergies renouvelables, réutilisation des eaux usées traitées).
Cette tendance se renforce aujourd’hui un peu partout dans le monde, car beaucoup de gestionnaires de territoire ont compris l’importance de prendre en compte l’environnement dans les politiques publiques en incluant les acteurs concernés, et en particulier les citoyens, dans leurs projets. Cela se traduit dans les dispositions légales et juridiques à différentes échelles : internationale (principe 10 de la Déclaration de Rio de 1992), européenne (article 6 de la Convention d’Aarhus de 1998, article 14 de la directive cadre sur l’eau) et française (articles 120-1 et 120-2 du Code de l’environnement, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006, Ordonnance sur la démocratisation du dialogue environnemental de 2016). En parallèle, de plus en plus d’acteurs et de citoyens ont exprimé leur volonté de participer directement à l’élaboration des politiques.
À leurs côtés, des équipes de scientifiques se mobilisent pour accompagner, analyser, évaluer et faire évoluer ces démarches. L’approche COOPLAGE (acronyme de « Coupler des Outils Ouverts et Participatifs pour Laisser les Acteurs s’adapter pour la Gestion de l’Environnement ») a ainsi été développée depuis 2003 pour appuyer des démarches participatives portées par des acteurs de la gestion de l’eau et des territoires, en s’appuyant sur les compétences pluridisciplinaires de l’unité mixte de recherche « Gestion de l’eau, acteurs et usages » (INRAE, CIRAD, AgroParisTech, IRD, SupAgro, BRGM). Au travers de différents témoignages et de retours d’expérience, ce nouveau numéro thématique de la revue Sciences Eaux & Territoires se fait l’écho de leurs travaux menés en France et à l’international dans le domaine de la gestion de l’eau et des territoires.