La crise sanitaire semble amplifier une certaine méfiance à l’égard du pouvoir exécutif et réduire la représentation nationale dans l’espace public. Les listes citoyennes qui ont fleuri lors des élections municipales permettront-elles d’assurer la réinvention démocratique, sociale et écologique ?
Cet article esquisse des premières pistes d’analyse et de compréhension de ce nouvel espace politique, à partir d’éléments empiriques recueillis depuis 2015. Nous avons ainsi participé régulièrement à des espaces de débat autour de ces listes, comme le festival Curieuses Démocraties, ou encore l’édition 2019 du congrès du Groupement d’intérêt Scientifique Démocratie et Participation. Nous avons également pu adresser un questionnaire aux membres de l’association Action Commune qui propose des méthodologies d’organisation aux listes participatives et mène une action plus générale de plaidoyer pour leur développement. Enfin, nous conduisons actuellement une enquête à Strasbourg sur la constitution de liste « Strasbourg, écologiste et citoyenne », en lice lors de l’élection municipale de 2020. Les données mobilisées portent donc en majorité sur des communes de taille petite ou moyenne, auxquelles s’adjoint une enquête ethnographique dans la ville-centre d’une métropole. Malgré ces contextes différents, le croisement permet de souligner plusieurs points de convergence dans les modalités de constitution de ces listes et de leur fonctionnement. On peut alors étayer l’hypothèse selon laquelle les listes participatives ne procèdent pas d’une rupture radicale avec le champ politique local, mais en bousculent bel et bien les acquis et les fondements.
En premier lieu, nous explorerons quelques résultats tirés de l’enquête par questionnaires et des observations menées auprès des listes participatives, avant de revenir sur trois énigmes soulevées à l’heure actuelle par ces listes, pour terminer par un focus sur la liste « Strasbourg écologiste et citoyenne » dans la campagne en cours.