Etienne Ballan

Itinéraire

J’ai rencontré les questions de participation assez tôt dans ma carrière, en Afrique australe et à Madagascar. A l’époque ces sujets se sont imposés à moi sur les thématiques de développement local et de conservation, plus spécifiquement sur les questionnements autour de la gestion communautaire des ressources naturelles.
Le Bicentenaire de la Révolution française couplé à la chute du mur a ensuite été un déclic pour travailler sur l’objet démocratique. C’est à ce moment-là, dans les années 90, qu’une génération de jeunes chercheur.se.s ont été appelés à réfléchir à cela dans le cadre du programme de recherche Concertation, Décision et Environnement porté par le Ministère de l’environnement. Je suis ainsi devenu un « serviteur de la démocratie ». La convention d’Aarhus a aussi vu le jour à la même période, tout évoluait assez rapidement.
Depuis ces années 2000, les pratiques et les droits qui encadrent la participation évoluent. J’ai participé à cette évolution, à la création d’un nouveau métier, à travers l’association Arènes, une des premières associations sur le sujet de la démocratie participative d’ampleur nationale. On faisait déjà beaucoup d’accompagnement, de conception et d’animation de démarches participatives. Je continue aujourd’hui à travers la création du GIE Passages.
J’ai ensuite rejoint des groupes de réflexion comme l’ICPC. J’ai accompagné la CNDP en France, la Convention d’Aarhus aux Nations Unies. la réforme de la démocratie environnementale de 2016. Mais je n’ai jamais lâché le terrain. C’est ce qui me plaît le plus.
Pour finir, je ne suis pas à 100% dans la participation, je suis aussi enseignant en sciences humaines et en projet urbain à l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Marseille. Je suis aussi urbaniste et tout cela nourrit mes projets.

Message

Sur le terrain et partout d’ailleurs, l’essentiel de nos métiers c’est l’efficacité. On a de vraies obligations d’obtenir des résultats tangibles quand on fait de la participation.
Pour cela il faut à la fois un travail sur la méthodologie et les outils mais aussi une prise de conscience de sa responsabilité. Des outils on en a plein, la méthodologie c’est la clef mais il ne faut pas se concentrer seulement sur celle de l’échange. La méthodologie de la démocratie participative est englobante et elle inclut le travail politique qui donne l’ambition de la démarche. Le plus important, c’est donc la responsabilité. On est au cœur d’un processus très profond. Il faut prendre conscience de la force transformatrice de la participation. On touche directement aux questions de pouvoir et donc on n’est pas seulement prestataires, on a un job transformateur, qui ne peut pas servir à n’importe quoi et à n’importe qui.
Pour cela on a besoin d’espaces pour partager et même si ces espaces existent, ils méritent de se développer. Trop de gens arrivent dans ce champ et y reproduisent les erreurs qu’on a déjà faites. Et le crédit de la participation s’en ressent…