Carole Garnier

Itinéraire

Je suis rentrée dans le développement durable par le volet économique. Néanmoins, la manière dont l’économie intégrait les enjeux environnementaux me paraissait problématique. J’ai donc bifurqué en droit et gestion de l’environnement en M2 pour m’ouvrir sur une approche plus globale et transversale de ces questions. Mon stage de fin d’études à la Ville de Grenoble portait sur le plan climat en 2005. Ces premiers plans abordaient des sujets très larges, des considérations techniques à la coopération territoriale.
Ensuite, j’ai travaillé à la Région Rhône-Alpes au sein de la direction «prospective, développement durable et relations aux citoyens». J’ai d’abord travaillé à l’organisation des Cinquièmes Assises Nationales du Développement durable. J’ai ensuite travaillé pour l’élu chargé de l’aménagement du territoire, ce qui a forgé ma conscience territoriale. Une contractualisation était mise en place avec de nombreux acteurs de terrain avec l’obligation de mettre en place un conseil local de développement.
C’est ainsi que, petit à petit, j’ai embrassé les 4 piliers du développement durable : social, économique, environnemental, gouvernance. Le dernier, souvent oublié, permet de lancer une dynamique sur la durée mais nécessite de l’énergie pour apprendre à se parler et à se mettre d’accord.
Par la suite, j’ai été chargée de mission démocratie participative pendant 5 ans. Notre marque de fabrique était d’organiser des ateliers citoyens sur plusieurs week-ends afin de produire un avis citoyen sur les politiques régionales. Nous avions également un appel à projets pour financer des réseaux et associations sur les territoires. En tant qu’institution, comment créer des terrains favorables pour l’initiative citoyenne et l’empowerment ? Au cours de cette expérience, la participation dans les lycées et CFA est un des projets qui m’a beaucoup intéressé et sur lequel on a pu expérimenter. Comment rendre les jeunes acteurs de leur établissement ? Comment leur laisser de la place?
En 2017, j’ai rejoint avec enthousiasme le Ministère de la Transition écologique et solidaire. Ma principale mission est d’animer la Communauté de la Charte de la participation du public. La Charte est une façon différente, plus souple de faire de l’action publique en faisant le pari de la confiance et de la responsabilisation. Je crois beaucoup à l’éthique dans notre métier. La communauté permet de mettre en réseau différents acteurs et de comprendre les problématiques des autres.
Par ailleurs, nous sommes chargés d’aider les services du Ministère à mener leurs propres consultations, dans une posture d’assistance à maîtrise d’ouvrage interne. L’enjeu est de faire avancer la culture participative en interne.
J’y ai découvert la « large échelle », au niveau des publics consultés (65 millions de citoyens) mais aussi en interne (40.000 fonctionnaires) On arrive très vite sur la question des données et de leur analyse. Cela m'a obligé à repenser beaucoup de mes pratiques.

Message

J’ai à cœur de réussir à construire des dispositifs participatifs adaptés et sincères. Il est primordial de construire la confiance sur le long terme au travers de ces dispositifs. Au sein du Ministère, nous accompagnons les directions avec le souci de mettre en place des concertations solides qui permettent d’assoir la confiance tout en répondant aux contraintes des collègues. Il faut oser, essayer petit à petit, même des petites choses. Même si cela n’est pas parfait, on note des avancées notables au niveau national : les consultations citoyennes sur l’Europe, le Grand Débat National, la Convention citoyenne pour le climat. Au fur et à mesure se mettent en place des nouvelles méthodes.

Mais tout n’est pas question d’ingénierie, la posture est tout aussi importante. Cette sincérité de la pratique doit être incarnée individuellement ; l’exemple fonctionnant mieux que les injonctions.

Par ailleurs, je suis toujours attachée aux principes du développement durable, notamment à la justice sociale. Pour moi, tout est lié de manière intrinsèque. C’est pourquoi toutes les transitions devraient être démocratiques et participatives. Comment la participation s’inscrit-elle dans un monde global ? Comment permet-elle de diminuer nos impacts négatifs et augmenter les liens ?