Thierry Soler
Itinéraire
J’ai d’abord découvert l’éducation populaire à l’occasion d’un service civil réalisé dans une association. Puis, avant de devenir enseignant dans un lycée, j’ai été sensibilisé à la didactique et aux méthodes qui permettent à chacun de devenir acteur de ses propres apprentissages. Plus largement, je suis convaincu de la nécessité de développer ce qu’on appelle aujourd’hui le pouvoir d’agir, c’est-à-dire de la possibilité pour chaque citoyen d’avoir une place dans les décisions qui le concernent. Je me suis lancé dans la politique et j’ai découvert l’Adels, l’expérience grenobloise… Puis, j’ai suivi une formation à la Sorbonne sur l’ingénierie de la concertation, ce qui m’a permis de faire de nombreuses rencontres et apporté de l’émulation.
En tant qu’élu au Conseil départemental du Loiret, j’essaie de promouvoir les démarches participatives, mais il est difficile de faire bouger une telle institution. La société civile est de plus en plus demandeuse de participation, les agents y sont de plus en plus ouverts, quelques élus également. Mais faute de moyens ou de temps, on s’en dispense souvent ou on la met en œuvre trop tardivement. On la confond avec de la communication ou on la réduit à cela.
Message
En matière de politique publique et notamment d’aménagements urbains, je pense qu’il faut privilégier les décisions «molles», c’est-à-dire réversibles, à chaque fois que celles-ci sont possibles. Par exemple, dans un débat récent sur l’aménagement de voies de circulation à Orléans, provoqué par la difficulté de faire coexister sur un pont les voitures, les vélos et le tramway, il existe plusieurs options, dont certaines, proposées notamment par des associations de cyclistes, sont réversibles (transformer une voie routière en pistes cyclables) et d’autres ne le sont pas (supprimer une voie de tramway). Les débats autour de l’option non réversible sont naturellement plus crispés, car une erreur coûterait cher. En même temps, je dis aux élus qu’il faut lâcher prise sur la décision. Ils se sentent trop souvent les seuls capables et les seuls responsables, ce qui est à la fois une source de fierté (ils ont été désignés pour cela) mais aussi, peut-être inconsciemment, d’angoisse (prend-on la bonne décision ?). Opter, lorsque c’est possible, pour des décisions réversibles où le coût de l’échec est moindre, cela contribue à ce « lâcher prise ».
L’expérience montre que les citoyens sont capables de s’emparer de sujets complexes, de monter en compétence, de créer de la connaissance pour objectiver et traiter plus efficacement les problèmes. Par exemple, à Orléans, dans ce débat sur les voies de circulation, des associations collectent des données sur les déplacements à vélo. Ces envies et ces compétences sont connues, mais actuellement, le moment de la décision est encore un point dur.