Elsa Zucchini

Itinéraire

L’aventure d’une campagne électorale m’a amenée à la participation citoyenne. Je suis déléguée à la démocratie participative à la Ville de Villiers-sur-Orge, commune de 4700 habitants. C’est l’histoire du passage de citoyenne à élue.
Professeur dans le secondaire, je n’avais auparavant jamais été impliquée dans une quelconque démarche politique à proprement parler. Pendant la campagne des élections municipales en 2020, une réunion avait été organisée par la future équipe municipale pour impliquer des citoyens dans l’écriture du programme. Sollicitée pour contribuer sur la partie développement durable, j’ai alors réalisé qu’en tant que citoyenne je pouvais être force de proposition et contribuer à la vie de ma ville. C’est donc par le hasard de cette réunion que j’ai commencé à m’impliquer. Pendant les 18 mois qui ont suivi, mon engagement a grandi au point de devenir candidate sur la liste, animée par une motivation croissante et la conviction que nous pouvions améliorer la vie des citoyens au niveau local.

Mon envie de départ était de chercher à développer du lien social, de la solidarité, du vivre-ensemble dans la commune. Au hasard de mes lectures, je suis tombée sur des articles de Loïc Blondiaux sur la participation citoyenne qui m’ont ouvert d’autres perspectives. Je me suis alors inscrite à l’ICPC et me suis beaucoup documentée grâce aux ressources du site.

Eduquer à la citoyenneté, recréer du lien, améliorer le vivre ensemble, permettre à tous de contribuer à la vie locale … la démocratie participative permet d’articuler ces enjeux qui m’avaient amenée à m’engager en premier lieu. Après avoir présenté à l’équipe ce cheminement, la démocratie participative a été intégrée comme projet du mandat.

Notre leitmotiv est d’aller chercher tout le monde, avec la préoccupation de mettre en place des dispositifs les plus inclusifs possibles pour cibler les citoyens habituellement éloignés. Cela suppose un travail de mobilisation énorme dans les coulisses, mais aussi d’être dans une démarche d’auto-évaluation permanente pour pouvoir mesurer les publics participants et aller chercher les absents.

Nous avons lancé une première vague de consultation, qui devait préfigurer une deuxième phase de concertation suspendue à cause de la crise sanitaire. Pour toucher le plus grand nombre, nous avons combiné numérique et papier, avec des boites à idées partout dans la commune. Nous n’avons pas réussi à toucher les jeunes pour le moment.

Message

Il est essentiel de s’auto-évaluer et de remettre en question continuellement ses pratiques. Une démarche participative doit être le plus inclusive possible, c’est une condition de sa légitimité. On ne peut pas se contenter d’organiser des rencontres, il faut aller chercher les publics les plus éloignés qui ne se sentent pas forcément légitimes à participer. La mobilisation doit s’adapter en fonction des publics et des sujets. C’est pourquoi, un acteur de la démocratie participative doit avoir un côté à la fois fédérateur et « couteau suisse ».

En tant qu’élu, la participation oblige à accepter une posture de « lâcher prise », si l’on veut réellement reconnaître aux habitants leur expertise d’usage. En effet, il faut accepter de savoir d’où l’on part, sans connaître le point d’atterrissage, ce qui peut parfois être inconfortable. Mais l’expérience montre qu’il n’y a pas de raison que cela se termine mal.

Le degré de défiance à l’égard des élus est important. In fine, à travers ces dispositifs participatifs, l’objectif ultime est de réussir à retisser rapidement des liens de confiance entre citoyens et élus.