Charlotte Zuckmeyer

Itinéraire

Lors de mes études en sociologie, j’ai constaté que la société pouvait apparaitre très sectorisée. La question qui m’animait alors était : comment faire des projets ensemble, alors même qu’il y a une multitude de modes de pensées ? Pour tenter d’y répondre, j’ai choisi un master en sciences de l’information et de la communication qui m’a conduite à mener une partie de mes études à l’UQAM à Montréal et à réaliser en 2009 un mémoire sur la place des habitants dans la fabrique de la ville. C’est là que j’ai découvert que la participation, c’était un métier ! Cela a été pour moi une révélation, cela a fait sens avec mes choix universitaires et mes valeurs. J’ai d’abord travaillé plusieurs années dans une agence parisienne spécialisée dans la concertation, ce qui m’a donné une bonne formation de terrain. Puis j’ai déménagé à Nantes où j’ai intégré mon employeur actuel, SCOPIC, une agence d’abord de communication qui a toujours pensé l’usager au cœur de ses projets, qui s’est ainsi naturellement orientée vers la participation et pour laquelle je pilote et développe le volet concertation. C’est une société coopérative dont le projet d’entreprise est co-construit par les salariés. C’est essentiel pour moi que mon cadre professionnel soit cohérent avec la nature de mon travail.
Lorsque j’étais étudiante, je voulais travailler dans une collectivité parce que je suis attachée au service public. Aujourd’hui, je travaille dans une agence au service de projets portés par des collectivités. La diversité de mes missions est très enrichissante et formatrice, ma seule frustration est dans l’absence de suivi dans la durée des dynamiques participatives auxquelles je participe. Il n’est pas impossible que je cherche un jour un poste dans une collectivité, je pense que les bifurcations dans les trajectoires professionnelles sont très fructueuses, pour les personnes concernées comme pour leurs employeurs !

Message

Il est urgent d’améliorer le dialogue entre praticiens, notamment entre consultants, agents de collectivités, élus, architectes ou urbanistes, experts en général. Trop souvent, des relations stéréotypées de commanditaire à prestataire, ou de décideur à agent, ou encore d’experts de la démarche à experts du sujet, entravent la communication et rigidifient les postures. On demande aux citoyens, afin de s’engager dans des démarches de dialogue, d’oublier les statuts et de se concentrer sur l’intérêt général, mais au sein de l’équipe qui pilote le processus, on n’arrive pas toujours à dépasser les logiques d’institutions. C’est, à mon sens, surtout une question de méconnaissance. Il y a quelques personnes qui ont l’expérience de différents milieux professionnels et qui comprennent les façons de faire des autres, mais elles sont rares.
Les meilleures concertations que j’ai vécues sont celles durant lesquelles tous les partenaires communiquaient avec confiance. L’ICPC pourrait organiser davantage d’espaces d’échange, de façon à permettre à chacun d’expliquer ses modes de travail, par exemple les contraintes des agences, la complexité du fonctionnement des institutions, les difficultés des élus ou celles des experts… Cela contribuerait à faire évoluer les postures lors des concertations, quand tous ces acteurs sont amenés à travailler ensemble vers un objectif commun.

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