Emission de France Culture du 21 novembre 2018.
Commençons par définir une notion un peu floue : qu’entend-on par Communs ? S’agit-il des ressources partagées et gouvernées par des communautés, des initiatives citoyennes, des reprises de biens « capturés » par le marché, remis à disposition pour la collectivité, des modes de vie ? « Jouir sans posséder », une autre définition. Mais pas d’angélisme, il est question d’un modèle économique et social qui ne saurait se passer de l’action publique pour réussir. Nous en parlons avec Benjamin Coriat, professeur émérite de sciences économiques à l’Université Paris XIII.
Il y avait une sortie possible par le haut, à Notre-Dame-des-Landes, qui aurait permis de confirmer Notre-Dame-des-Landes comme un Commun (…) : l’État n’avait plus qu’à céder à titre emphytéotique (…) les terres qu’il avait acquises (…), au lieu de les privatiser, (…) et on aurait pu voir convivre à la fois des petits paysans propriétaires et ces nouveaux arrivants qui avaient des projets de culture biologique, de production artisanale. L’université de Nantes était prête à faire un observatoire de la biodiversité, etc. (Benjamin Coriat)
Certains considèrent que le Commun a vocation à être quelque chose « en plus », et donc à être basé sur de la gratuité, du don, etc. Je ne partage pas ce point de vue. Je pense que c’est beaucoup trop important (…) pour que ce soit entre les mains de personnes dont ce serait le hobby : il faut que l’on puisse vivre de cette activité-là. (Benjamin Coriat)
Il faudra aller vers l’extension des Communs de dimension locale et la refondation du service public sur la base du Commun. (…) On ne pourra pas faire une société du Commun sans que les agents publics ne soient les commis du peuple, plutôt que l’inverse ! (Benjamin Coriat)