De Caracas à Dakar : 10 ans d’expériences pour favoriser le dialogue démocratique dans la cité
La ville, qui libère l’individu du poids de la communauté et du contrôle social, qui offre à chacun un espace de liberté et permet au citoyen de donner son avis sur tout, est aussi le lieu d’une certaine domination. Le citoyen devient usager, voire administré ou spectateur. Il est parfois consulté ou ponctuellement mobilisé, mais il perd sa capacité d’action citoyenne. Le recours à des formes policées de participation, qui évacuent le face-à-face et la polémique, gomme les dimensions politiques de la participation. Jacques Rancière, auteur de l’ouvrage « La mésentente » (Galilée, Paris, 1995) dénonce avec raison les excès « de la société contractuelle et du gouvernement de concertation ». Pour lui, la question est de permettre la prise de parole de ceux qu’on ne voit pas et qui n’ont pas de nom, et cette question n’est pas seulement celle de la difficulté d’articuler des langages différents : elle porte aussi sur les objets de débat pertinents, la construction de la parole, l’acceptation du conflit dans ce qu’il a de constructif.