Brexit, Notre-Dame des Landes : le référendum fait l’actualité depuis quelques semaines.
Les uns lui voient les qualités d’un instrument démocratique par excellence, susceptible de permettre au peuple d’exercer directement sa souveraineté dans des régimes politiques représentatifs qui n’auraient plus de démocratique que le nom. Les autres le vouent au contraire aux gémonies, insistant sur ses dimensions plébiscitaires et la propension de telles consultations à flatter les bas instincts du peuple.
La séquence politique qui vient de s’achever attire cependant l’attention sur deux enseignements.
Le premier est qu’il est absurde de se prononcer pour ou contre le référendum en général. En matière de référendum, comme de toute procédure démocratique, le diable est dans les détails. En fonction de la question posée, du périmètre du public consulté, de la qualité de la campagne, celui-ci peut être la pire ou la meilleure des choses.
En second lieu, le référendum sur le Brexit comme la consultation sur Notre-Dame des Landes rappelle que l’on ne peut pas et que l’on ne doit pas solliciter le peuple en vain. Une fois que celui-ci s’est prononcé, et quelle que soit l’orientation de son vote, sa décision a des conséquences, au risque de produire des cassures.
Vouloir escamoter les résultats d’une consultation démocratique de ce type, ne pas en tenir compte comme cela a été fait en 2005 à propos des référendums français et néerlandais sur le traité constitutionnel européen, aurait sur nos systèmes politiques des conséquences délétères dont on ne mesure pas l’intensité.
Loïc Blondiaux
Professeur des Universités, Département de science politique de la Sorbonne (Paris I)