Les grands projets d’infrastructures constituent l’un des repoussoirs par excellence des mouvements écologistes.
Dénoncés comme « inutiles et imposés », ces projets font l’objet de multiples résistances. Pourtant, la notion d’utilité publique est
au coeur de leur légitimation par les pouvoirs publics français.
Car aux yeux de l’administration, l’utilité publique ne renvoie pas à l’idée générale de bien commun, mais prend un sens bien plus
spécifique : c’est un principe au nom duquel il est juridiquement possible de transformer l’état du monde – y compris si certaines
populations doivent en subir les conséquences. Et la conformité ou non d’un projet à ce principe résulte d’une procédure
administrative aussi précise que méconnue : l’enquête publique, mise en scène par excellence du consentement.
L’historien Frédéric Graber propose dans ce livre un décryptage minutieux de ce rouage central de l’économie
des projets dans laquelle nous vivons. Retraçant l’histoire longue de la fiction juridique qu’est l’utilité publique, il montre
comment la référence à ce principe, formulé sous l’Ancien régime pour favoriser certains intérêts tout en se prévalant
d’une forme de justice, a été maintenue après la Révolution, jusqu’à nos jours. Il en résulte un éclairage saisissant sur
l’aversion au débat caractéristique de la culture politique française, et sur l’état de la démocratie dans ce pays.
histoire ¦ politique
Editions Amsterdam
¦ 240 p. ¦ 13.5 x 19.5 cm