Les discours d’accompagnement du design mettent généralement en avant la neutralité de ses méthodes, son efficacité et sa robustesse – sans oublier le rôle clé de ses principaux orchestrateurs, à savoir les designers eux-mêmes; les plus à mêmes de solutionner les problèmes des gens. Ici et là, des critiques de ces discours se font entendre : le design servirait de caution à un système néolibéral non content d’autoriser quelques expériences dans ses marges, sans toutefois mettre en danger le statu quo. Le design pècherait en quelque sorte par sa superficialité, sa complicité avec les hiérarchies sociales en place. Par-delà ces quelques idées vite jetées, le designer et chercheur Carl DiSalvo empreinte un autre chemin. Dans son ouvrage Design as democratic inquiry, Putting Experimental Civics into Practices (MIT Press, 2022, non traduit), il défend l’idée que le design et les designers peuvent s’appuyer sur des communautés pour contribuer à renforcer des pratiques démocratiques à petite échelle (« in the small »).