La dimension territoriale de la citoyenneté
Les domaines de l’environnement et de l’aménagement posent, avec davantage d’acuité que d’autres, la question de l’intégration des citoyens et citoyennes à la prise de décision. Les grands projets font de plus en plus l’objet de protestations très fortes et deviennent des
enjeux conflictuels à l’échelle nationale. Qu’est-ce que ces conflits donnent à voir et nous disent de la démocratie contemporaine et de la participation citoyenne ?
Tout d’abord, ces protestations ont en commun dans les différents pays et domaines (que ce soit la requalification urbaine, l’aménagement ou l’environnement), un élément majeur : l’espace, dans sa dimension agonistique, sa capacité à concentrer et à attirer des attentes, des exigences, des intérêts, des aspirations, des besoins diversifiés et souvent opposés. Depuis déjà quelques années, des chercheurs nous ont avertis de la nécessité de reconceptualiser la citoyenneté en mettant l’accent sur sa dimension territoriale. En effet, les politiques de gestion de l’espace et de l’environnement peuvent devenir sources de contestation et c’est bien pour cela que l’espace devient un outil de résistance et de protestation. Loin d’avoir une signification seulement symbolique, l’occupation des places, des parcs, la production de cartographies alternatives (pensons à la carte des ZAD Zones à défendre de France) représentent aussi une autre manière pour les individus
d’expérimenter une façon nouvelle de vivre, de s’engager, de résister et de participer.
C’est pourquoi donner une réponse à ces conflits en ouvrant davantage d’espaces de participation et concertation, c’est aussi donner une réponse à la crise démocratique
dont ils sont porteurs.
Ilaria Casillo
Viceprésidente de la Commission Nationale du Débat Public