DESIGN ET PARTICIPATION
Face aux injonctions à l’innovation dans les organisations, on observe un engouement autour de l’approche design chez les acteurs publics.
Quand le design s’intéresse à l’action publique, il croise naturellement le chemin de la participation citoyenne.
Le risque est important de tomber dans le fétichisme de « l’outil magique » et de perdre de vue le sens de la démarche. Effet de mode autour d’outils ? Transformation profonde des modes de faire ? A travers cette page, on vous aide à explorer et décrypter…
Design(s) ?
D’où ça vient ?Lorsque l’on parle de design, spontanément nous viennent en tête des images évoquant le « beau », la « tendance » ou encore « l’innovation technologique ».Ces représentations renvoient à l’évolution dans le temps de cette discipline née avec la révolution industrielle. Au départ, le design se rattache à la conception d’objets, intégrant au fil du temps une dimension esthétique. Dans les années 1960, le design a progressivement évolué sous l’influence de deux courants : l’un américain centré sur la résolution de problèmes ; l’autre scandinave, axé sur l’inclusion des usagers finaux. A partir des années 1980, le design s’affirme en tant qu’outil de conception pour des éléments intangibles (logiciels informatiques, etc).Le design, tout en perdurant dans ses domaines traditionnels, se dissémine dans tous les secteurs. On observe un triple glissement :de la conception d’objets-artefacts à la conception d’objets intangibles de l’esthétisme à la recherche de l’efficience de la sphère privée (entreprises et industries) vers la sphère publique | De quoi parle-t-on ?Selon la définition de Brigitte Borja de Mozota, le DESIGN articule une double signification : DESSIN donner forme, rendre visible, représenter visuellement + DESSEIN l’intention, le cap à atteindre. Être designer, ce serait donc « dessiner à dessein », donner forme à des concepts, futurs possibles, solutions, selon un cadre donné et dans une intention précise.Le design est un processus de conception créative, centrée sur l’usager.C’est à la fois un état d’esprit, une posture et un ensemble de méthodes qui s’applique aussi bien à un objet, un espace, une interface, un service, un processus… D’où la diversité des champs d’activités, des visions personnelles du métier et des hybridations de la discipline.Le design, cela consiste à..S’appuyer sur l’expérience utilisateur, susciter la créativité des usagers, des habitants, des agents…Ne pas craindre la complexité, la représenter graphiquement.Favoriser l’expression de tous et accueillir différents modes d’expression.Prendre du recul sur une situation ou un projet, se décaler pour changer de regard et rechercher des solutions.Prototyper, c’est-à-dire tester, expérimenter, faire des erreurs et corriger avant de mettre véritablement en œuvre.(extrait de « Design des usages, usages du design » Nadège Guiraud, Ville de Nantes et Nantes Métropole) |
Quel lien avec la participation ?
Le design de services s’est peu à peu intéressé aux services publics en cherchant à améliorer leur efficacité.
Le « design des politiques publiques », concept promu par la 27e Région s’intéresse à l’action publique dans son ensemble,
appliquant à la fabrique des politiques publiques les principes du design (focus utilisateur, itération essai-erreur, visualisation, prototypage).
C’est donc naturellement que le design s’est intéressé à la participation citoyenne.
De fait, nombreux sont les enrichissements croisés entre ces pratiques qui cherchent à transformer l’action publique. Même si l’approche design s’intéresse plus à l’usager qu’au citoyen, elle peut être une source d’inspiration pour des démarches participatives dans certains cas :
- s’exprimer différemment grâce à des outils de facilitation et de visualisation
- aboutir à des propositions créatives
- matérialiser des solutions et les tester
- explorer les futurs probables et des sujets de controverse avec le design fiction
Parce qu’il a introduit dans l’action publique la nécessité de centrer la conception des services sur les besoins de l’usager plutôt que sur ceux de l’administration, le design des politiques publiques a été associé à la notion d’efficacité et par extension à la rationalisation de l’action publique.
En ce sens, des débats agitent cet écosystème : Quelles responsabilité et éthique du designer ? Pourquoi affirmer la spécificité du design appliqué à l’action publique ? Comment appréhender la dimension politique de l’usager-citoyen ? Comment ne pas être réduit à un outil servant le « civic washing » ?
Benchmarks
Ressources documentaires
Articles
- Dossier Le design au service du territoire Horizons publics et Métropole européenne de Lille, 2020
- Design des politiques publiques : des propositions pour aller plus loin Caroline Magglé, Localtis, 2019
- Design à dimension citoyenne Romain Thévenet, La 27e Région, 2017
- Design thinking et démocratie : ambiguïtés d’une approche socialement innovante Ellyx, 2017
- Design et participation citoyenne Ecole de design de Nantes, Demain la ville, 2017
- Le design des politiques publiques une mode appelée à durer Olivier Ryckewaert, The Conversation, 2016
- Design et concertation, un mariage de raison Bertrand Paris, Revue Designer-s, 2015
- Quand design et participation citoyenne se rencontrent Adèle SEYRIG et Jeanne CARTILLIER, Millénaire 3, 2014
Livres et études
- Good services. How to design services that work Lou Downe, 2019
- Le design. Que sais je ? Stéphane Vial, 2015
- Le livre Civic design Civic Innovation School, 2015
- Design de service public en collectivité locale Département de Loire-Atlantique, 2014
- Design des politiques publiques. La 27e Région, 2010
- L’utilisation du design pour la participation du citoyen à l’action publique Arthur Abdesselam, Sciences Po Rennes, 2017
A voir et écouter
- Podcast Dessin Dessein « Où en est le design des politiques publiques ? » Laure Choquer
- Le lexique de la 27e Région
- Le design social et le design des politiques publiques: une autre façon d’envisager l’action publique ? Conférence CNFPT- INSET Montpellier, 2015
Cette page a été construite grâce à la contribution de : Arthur Abdesselam, Anne Giraud, Nadège Guiraud et Bertrand Paris-Romaskevich.
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