Résumés
Nous partons d’une double hypothèse. Premièrement, nous proposons de considérer l’ambiguïté comme une dimension structurelle des relations institutionnelles où se joue la participation du « tout-venant » à l’exploration des problèmes et des décisions complexes qui le concernent. Nous avançons ensuite l’idée que, dans ces mêmes situations, la « montée en ambiguïté » dans ses différentes formes observables constitue une réponse adaptative face au caractère improbable de ces communications. En vue d’esquisser quelques-unes des figures, fonctions et opérations de l’ambiguïté dans la participation, nous nous appuyons sur des terrains ethnographiques à première vue fort éloignés. D’un côté, les échanges dyadiques menés dans le cadre privé et clos du cabinet entre un médecin et ses patients autour de leurs cas personnels. De l’autre, l’ethnographie d’une expérience de consultation citoyenne sur la question du remboursement public des frais de santé en Belgique ; un dispositif associant professionnels de la santé et « citoyens ordinaires » dans des discussions collectives en assemblée et des délibérations en sous-groupes. En articulant ces cas qui tous deux concernent une « consultation » relative à des questions de santé et engagent la figure de l’ individu « ordinaire » comme interlocuteur « profane », nous parvenons à dégager six difficultés majeures structurant la communication. Nous précisons ensuite les ajustements trouvés par les interlocuteurs en situation pour contourner, suspendre, neutraliser ou mettre entre parenthèses ces difficultés.