Alors que les dispositifs de participation se sont multipliés depuis une vingtaine d’années en France, une dynamique de professionnalisation des métiers de l’accompagnement à la participation s’est amorcée : développement d’un marché, ouverture de formations spécialisées, structuration de réseaux de professionnels. Le champ de la participation ne se réduit cependant pas à ses formes instituées telles qu’elles ont émergé au sein des collectivités territoriales (conseils citoyens, conseils de quartier, budgets participatifs, concertations dans le cadre de projets urbains, etc.) ou sous la forme d’institutions nationales (par exemple la Commission nationale du débat public [CNDP]), mais il s’étend à une multiplicité de pratiques historiquement ancrées – de manière parfois moins instituée ou plus quotidienne – dans des domaines aussi variés que ceux de l’agriculture, de l’éducation populaire ou encore de la médiation numérique.
Ce numéro vise ainsi à mieux saisir la diversité des ancrages professionnels de l’accompagnement à la participation en explorant, tout d’abord, plusieurs trajectoires d’acteurs inscrites dans différents champs institutionnels (collectivités, services de l’État, bureaux d’études, associations, etc.), à travers lesquelles on peut identifier certaines des évolutions à l’œuvre. Il propose ensuite une plongée dans les pratiques d’accompagnement à la participation envisagées comme une activité de la mise en relation, qui incite à réfléchir à la posture à adopter, aux instruments à mobiliser ainsi qu’aux dynamiques organisationnelles à instituer.
Enfin, ce numéro donne également à voir comment les pratiques d’accompagnement à la participation peuvent s’inscrire dans une aspiration à faire éclore de nouveaux espaces de relations démocratiques, à la fois en suscitant l’émergence de cadres de mobilisation plus ascendants à l’échelle locale – y compris dans une perspective électorale, comme le montre le cas des listes participatives – et en réfléchissant à la façon dont les technologies numériques interrogent les formes de la délibération publique en démocratie.
Sommaire
INTRODUCTION Jordan Parisse et Emmanuel Porte Les métiers de la participation entre ancrages professionnels, pratique de la mise en relation et articulation des échelles de la citoyenneté
1RE PARTIE DIVERSITÉ DES ANCRAGES PROFESSIONNELS
- Pierre-Yves Guihéneuf, Faire de l’accompagnement à la participation un métier
- Entretien avec Isabelle Ferracci, Le numérique au cœur du développement de la participation dans l’action publique .
- Eddie Javelle, La médiation numérique comme démarche d’émancipation .
2E PARTIE L’ENJEU DE LA MISE EN RELATION
- Julie Riegel, Accompagner la participation sans l’imposer
- Laurence Langer-Sautière, L’exploration interactive de données au service d’une démarche de participation
- Julian Perdrigeat, Décréter l’implication des citoyens ne suffit pas, il faut pouvoir l’organiser
3E PARTIE FAIRE ÉCLORE DE NOUVEAUX ESPACES DE RELATIONS DÉMOCRATIQUES
- Damien Lenouvel, Des limites de la participation instituée à l’émergence de nouveaux cadres de relations politiques
- Entretien avec Élisabeth Dau, « Au sein des listes participatives, la dimension méthodologique a été envisagée comme une promesse politique en elle-même »
- Clément Mabi, Quel(s) numérique(s) pour la démocratie ?
A cette occasion, l’INJEP organise une conférence-débat hybride autour des contributeurs du numéro et d’experts des questions d’accompagnement à la participation : https://youtu.be/AG90A_JLNTM?t=33
Intervenantes :
- Hélène Balazard, chercheure en Science Politique au laboratoire EVS de l’Université de Lyon et Ingénieure des Travaux Publics de l’Etat
- Émeline Perrin, chargée de mission à l’Institut de la concertation et de la participation citoyenne (ICPC)
- Audrey Baudeau, déléguée générale du CNAJEP
Animation de la conférence : Jordan Parisse et Emmanuel Porte, chargés d’études et de recherche à l’INJEP, directeurs de la collection « Cahiers de l’action »