Le marché de la démocratie participative

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  • Auteur(s) : Alice Mazeaud et Magali Nonjon
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    Voir aussi notre Note de lecture sur cet ouvrage.

    Aujourd’hui la démocratie participative ne s’affiche plus seulement dans les discours, elle s’incarne dans des règles juridiques, des dispositifs participatifs, des services administratifs, des échanges marchands, etc. Les militants d’hier sont pour l’essentiel concurrencés par des professionnels (agents publics, consultants, salariés de grandes entreprises d’aménagement) qui vivent de l’offre de participation et ont, à ce titre, intérêt à l’entretenir.

    La demande de participation tend ainsi désormais à devenir la finalité et l’alibi de ce que les auteures qualifient de marché de la démocratie participative. En s’intéressant à la construction savante de l’impératif participatif, aux luttes d’expertises professionnelles qui l’ont accompagnée tout comme à la sociologie et aux pratiques concrètes de ces acteurs auxquels les autorités publiques ont confié la charge d’animer, d’organiser ou encore d’évaluer des dispositifs participatifs, cet ouvrage rappelle combien la qualité démocratique ne peut à elle seule expliquer le développement des politiques participatives en France. Les dynamiques de professionnalisation y ont joué un rôle majeur.

    C’est ce que montre cet ouvrage qui éclaire également les logiques sociales et politiques de la sophistication croissante des technologies de gouvernement et plus largement l’ambivalence politique du tournant participatif contemporain. Remise en cause sur le plan symbolique par la promotion du citoyen-expert et des formes participatives de légitimation politique, la division du travail politique entre le professionnel et le profane semble en pratique plus solide que jamais.

    Alice Mazeaud est maître de conférences en science politique à l’Université de La Rochelle et chercheuse au Centre d’études Juridiques et Politiques (CEJEP).

    Magali Nonjon est maître de conférences en science politique à Sciencespo Aix et chercheuse au laboratoire Croyance, Histoire, Espace et Régulation (CHERPA). Elle est également chercheuse associée au Laboratoire Biens Normes et Contrat (LBNC).

  • Année : 2018
  • Lien : https://journals.openedition.org/lectures/24669