On a souvent le sentiment diffus d’une montée de la conflictualité liée aux usages de l’espace, laissant à penser que ces conflits occupent un rôle important dans la société française et qu’ils viennent s’immiscer dans les processus de développement en marquant une opposition déclarée à certains projets décidés par l’État, des entreprises ou des particuliers. Différentes explications sont alors avancées, parmi lesquelles la judiciarisation de la société, l’implication et le niveau d’information croissant des populations, l’égoïsme de certains groupes de riverains, la complexité croissante des actes techniques ou le manque d’espace dans certaines zones particulières du territoire comme le périurbain.
Cet article a pour objectif de faire un bilan sur l’état de la conflictualité liée aux usages de l’espace en France et de porter un jugement sur les caractéristiques de ces conflits, à partir des résultats d’un programme de recherche mis en place depuis plusieurs années. La première partie est consacrée à la présentation des principales hypothèses et de la méthodologie d’étude mise en action, alors que la deuxième présente les principaux résultats appliqués et les grands invariants de la conflictualité. La dernière partie analyse l’impact de ces conflits sur les processus de gouvernance et de développement des territoires.